mardi, avril 22, 2008

Les violettes et les roses (cahiers)


J'ai lu Ker Violette comme on dévore après un long jeûn forcé. Evidemment j'ai adoré, c'est plein d'iode et de belles phrases tellement évidentes qu'on n'imagine pas le mal que Karine Fougeray a pu avoir à les écrire !!! J'ai lu debout, arpentant l'aéroport d'Orly, un dimanche soir, en attendant des passagers en provenance de Tamanrasset. Chaque retard annoncé me réjouissait. Vite, encore un chapître !

Puis j'ai laissé reposer quelques semaines. Et j'ai repris une deuxième lecture, plus sereine.

Et je suis retourné sur le blog de l'auteur qui reprend doucement vie après une interruption nécessaire à la gestation des Violettes ! Et là j'ai appris que Plume Salée serait présente au Festival Les Etonnants Voyageurs à St Malo.

Et mon sang n'a fait qu'un tour, Saint-Malo ! Dernière visite en 1979 ! je vais y retourner et je rencontrerai Karine Fougeray pour lui dire qu'elle est comme un fanal qui me guide les nuits où la tempête rugit dans ma tête lorsque je me rend compte que je n'arrive pas à faire complètement le saut dans le grand vide de l'écriture.
Se dire au revoir à soi-même, en emportant sa cargaison de personnages et filer comme un navire au gré des courants, luttant contre les vagues, profitant de la douceur des alizés !!!

Et puis pour moi Saint Malo c'est cette phrase d'un illustre voisin, celle qui clôt les Mémoires d'Outre Tombe :
" Je me suis rencontré entre deux siècles, comme au confluent de deux fleuves;j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue". Une très belle définition de la Vie !
Et puis il y a cette fameuse page 14 de Ker Violette :
"J'ai sorti le carnet, on entendait les mouches voler. Je l'ai ouvert et la première page -blanche- est sortie de terre. Lentement, consciencieusement j'ai écrit une phrase. Mais l'effort à fournir était si intense, si douloureux que je me suis ravisée. J'ai décidé d'attendre la bolée et je l'ai refermé devant moi. Un cahier Clairefontaine à spirale. Un rectangle rose et vif sur le bois foncé."
La photo qui ouvre ce message est celle d'un cahier rose ouvert pour la première fois en 1987 sur lequel j'ai consciencieusement écrit une puis plusieurs phrases, jusqu'à former une cinquantaine de pages. Puis je l'ai refermé devant moi. Un cahier Messager à dos collé. Un rectangle rose et vif sur le bois foncé.
Je l'ai rangé pendant 21 ans avant que cette phrase ne me fasse le rouvrir.
Les écrivains sont tous avant tout des lecteurs. Ce sont les livres qu'ils lisent qui les poussent à écrire. Drôle de coïncidence tout de même !